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cinéma"20 000 espèces d'abeilles" : un très beau film sur la transidentité et la parentalité

Par Florian Ques le 11/07/2023
"20 000 espèces d'abeilles" : déjà un des plus beaux films sur la transidentité

S'il n'est pas attendu en salles avant l'année prochaine, 20 000 espèces d'abeilles est présenté au cinéma parisien Le Brady ce 11 juillet. Récompensé lors de la dernière édition de la Berlinale, le film d'Estibaliz Urresola Solaguren raconte avec brio les interrogations d'une enfant transgenre qui peine à se faire accepter.

Si 20 000 espèces d'abeilles n'est pas attendu en salles avant le 14 février 2024, le film, qui figure déjà parmi nos coups de cœur des sorties à venir, est présenté au cinéma parisien Le Brady ce mardi 11 juillet (à 20h). Il s'agit du premier long-métrage de la cinéaste espagnole Estibaliz Urresola Solagurende – elle a déjà réalisé plusieurs courts, parmi lesquels Cuerdas, en compétition à Cannes en 2022 –, qui signe ici une des représentations les plus sensibles et marquantes de la transidentité au cinéma.

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Dès les premières minutes, le visage de Sofía Otero, 10 ans à peine, crève l'écran. Auréolée cette année de l'Ours d'argent de la meilleure performance, soit le prix d'interprétation non-genré du Festival international du film de Berlin, la jeune actrice basque prête ses traits à une fillette discrète qui, assignée garçon à la naissance, préférerait se faire appeler Lucía plutôt qu'Aitor. Lors de vacances d'été en famille, elle tente de faire entendre sa voix tandis que sa mère, artiste, fait face à ses a priori sur les questions de genre.

Des certitudes

Vous l'aurez compris, 20 000 espèces d'abeilles n'est donc pas une œuvre sur l'apiculture, même si son titre prend tout son sens au fil du film, dressant un parallèle aussi pertinent que poétique sur la société des humains et celle des abeilles. Avec une simplicité désarmante, et une approche parfois quasi documentaire qui n'est pas sans faire écho au Petite fille de Sébastien Lifshitz, il ausculte avec finesse le combat d'une enfant face à un monde convaincu de mieux la connaître qu'elle-même. En cela, le film pointe le rôle, souvent oppressant, de l'entourage des personnes trans, ici mis en relief par le jeune âge de l'héroïne.

Une opposition que la forme du film ne manque pas de révéler : si la première moitié du long-métrage se focalise sur Lucía à coups de plans rapprochés, qui témoignent de son mal-être, la seconde s'évertue à filmer le "monde des grands" avec des plans plus larges, moins personnels, qui expriment la crainte permanente du qu'en-dira-t-on, et la présence oppressante de la société. Mais plus que de pointer du doigt un problème, 20 000 espèces d'abeilles offre une solution, le dialogue, qui permet aux personnages d'avancer ensemble.

Dans la lignée de Lola vers la mer sorti en 2018, ce premier film d'Estibaliz Urresola Solaguren est aussi un récit sur la filiation et l'importance de choyer le lien parent-enfant. Interprétée avec beaucoup d'émotion par Patricia López Arnaiz, la mère de la petite Lucía finit par comprendre, non sans difficultés, qu'elle doit agir vite, afin de pouvoir accompagner sa fille dans l'exploration de sa transidentité. Parce que les proches devraient tous être les premiers alliés. 

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Crédit photo : Jour2fête