LGBTphobieAu Liban, la censure islamique a déniché de l'homosexualité dans le film "Barbie"

Par têtu· avec AFP le 10/08/2023
Le film "Barbie" a dépassé le milliard de dollars au box-office mondial

Le ministre libanais de la Culture a appelé à la censure du film Barbie qu'il accuse notamment de faire "la promotion de l'homosexualité", dont il n'est pourtant – hélas – jamais question dans la comédie de Greta Gerwig qui a dépassé le milliard de dollars de recettes au box-office mondial.

Les homophobes ont décidément un coucou dans la tête. Au Liban, le ministre de la Culture a annoncé ce mercredi 9 août avoir demandé l'interdiction du film Barbie, estimant qu'il faisait "la promotion de l'homosexualité". Un mirage, puisque d'homosexualité il n'est justement jamais question dans le blockbuster de l'été, ce que l'actrice principale Margot Robbie a d'ailleurs justifié dans une interview à Attitude : "Ce sont des poupées, donc il n'y a pas d'orientation sexuelle".

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Et pourtant, dans un communiqué Mohammad Mourtada estime que la comédie de Greta Gerwig, qui devait être projetée dans le pays à partir du 31 août, "va à l'encontre des valeurs morales et religieuses au Liban". À ses yeux, Barbie fait rien de moins que "la promotion de l'homosexualité et du changement de sexe, soutient le rejet de la tutelle du père, mine et tourne en ridicule le rôle de la mère et remet en question la nécessité du mariage et de la formation d'une famille". La critique du patriarcat et le casting queer du film, avec notamment l'actrice trans Hari Nef, suffisent donc à défriser le ministre.

Campagne anti-LGBT au Liban

Il faut dire qu'au Liban, tout est bon en ce moment pour s'en prendre aux LGBTQI+, objets d'une offensive menée par le puissant parti islamiste Hezbollah. En juillet, son chef Hassan Nasrallah a ainsi déclaré que, selon la loi islamique, tout homosexuel "devrait être tué" et a appelé à boycotter tous les produits arc-en-ciel.

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Le Liban est pourtant considéré comme plus "tolérant" que d'autres États arabes par rapport à l'homosexualité, même si celle-ci y reste sanctionnée par la loi. Mais ces dernières années, le pays a annulé à plusieurs reprises des activités de la communauté LGBTQI+, notamment sous la pression des autorités islamiques qui continuent d'exercer une influence majeure sur les affaires sociales et culturelles du pays. L'an dernier, le film d'animation Buzz l'Eclair avait été interdit, au motif qu'y apparaît un couple de lesbiennes.

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Crédit photo : Selcuk Acar / Anadolu Agency via AFP