Aujourd’hui un site, une pétition et des autocollants. Puis d'autres mobilisations dans les semaines et mois à venir. Durant toute l’année 2024, l’association Toutes des femmes compte déployer une large campagne visant à déjudiciariser le changement d’état civil pour les personnes trans. L’enjeu est simple mais non moins crucial : permettre aux personnes trans de modifier leur état civil sur simple demande, sans avoir à passer devant un tribunal judiciaire.
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"Les droits des personnes trans n’ont pas avancé dans la loi depuis 2016, année de la démédicalisation du changement d’état civil, fait valoir Maud Royer, présidente de l’association. Aujourd’hui, le changement d’état civil demeure une procédure longue, inutile et humiliante qui reproduit des clichés dépassés. La longueur de cette procédure fait partie intégrante de la violence exercée sur les personnes trans puisqu’il leur est demandé d’avoir vécu dans leur genre pendant des années, c'est-à-dire d’avoir subi des années de discriminations pour en subir enfin un peu moins."
Intitulée "Juge pas mon genre", cette campagne survient dans un contexte marqué par une transphobie galopante et une désinformation massive sur le sujet alimentée par des idéologues conservateurs. "Nous pensons que la lutte contre l’offensive transphobe qui sévit en France depuis 2020 passe par une mobilisation pour faire évoluer la loi. Pour nous, c’est quelque chose de nécessaire pour faire avancer le débat et le recentrer", expose Maud Royer, qui poursuit : "Cette mobilisation visant à arracher démocratiquement de nouveaux droits permet de parler réellement de nos vies, de toucher quelque chose de très concret bien loin des fantasmes propagés par la droite et l’extrême droite. Elle nous permet de dire la nécessité de s’outer à chaque fois que l’on doit présenter ses papiers, les discriminations auxquelles on fait face, toutes ces difficultés qui nous poursuivent durant des années lorsqu’apparaît quelque part notre ancienne identité."
Avec les associations concernées, têtu· le soutient depuis plusieurs années : dans leur volonté de lutter contre les LGBTphobies, le gouvernement et la majorité seraient inspirés de soutenir et de faire adopter une loi permettant changement de sexe à l’état civil sur simple demande. De nombreux pays ont déjà suivi les recommandations en ce sens du conseil de l’Europe, et tout va bien chez eux !
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]]>"Je ne pensais pas vivre ça à Paris", souffle au téléphone Amos, 19 ans. Le vendredi 15 mars, ce Congolais arrivé en France en 2023 a été victime d'une agression homophobe dans un bar du 10e arrondissement de Paris. Une plainte, que têtu· a pu consulter, a été déposée le lundi suivant mais, selon nos informations, la police n'a encore procédé à aucune interpellation. Plusieurs associations, parmi lesquelles SOS homophobie, le Centre LGBTQI+ de Paris, la Fédération LGBTI+ ou Stop homophobie, appellent à un rassemblement de soutien à la victime ce jeudi 28 mars, à partir de 18h30 place de la République. Pour la première fois, Amos, raconte cette soirée.
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Résident à Amiens, dans la Somme, où il est adhérent d'une association LGBTQI+, Amos est venu passer le week-end à Paris. "J'attendais en début de soirée mon conjoint avec un ami au Bon Tivoli, un bar africain proche de la gare de l'Est, quand un homme, assis à côté de moi, a commencé à m'embrouiller parce que je parlais de mon histoire avec mon mec. Certes, je parlais fort, mais il me dit qu'il ne veut pas être assis à côté d'un gay", témoigne-t-il. Interpellé, il lui demande "y a quoi ?" quand l'autre lui jette son verre à la figure, puis carrément une bouteille qu'Amos parvient à esquiver.
"Immédiatement, au moins six personnes ont déboulé sur moi pour me frapper, la vidéosurveillance du bar le montre. Mon ami a pris des coups, des baffes je pense, et s'est échappé avant de me retrouver plus tard dans la soirée", poursuit Amos qui, lui aussi, tente de fuir le bar. Mais à peine est-il sorti qu'il est rattrapé par les agresseurs. "Ça dure peu de temps, je cherche à m'échapper, mais les autres me frappent, déchirent mes vêtements, me tirent les cheveux et baissent mon pantalon sur les chevilles. C'est très humiliant", explique-t-il. L'un des hommes a filmé la scène, dont il a posté la vidéo sur TikTok avant de supprimer son compte, mais Amos a pu récupérer le fichier à l'appui de son témoignage.
Heureusement, un passant se met à crier qu'il appelle la police, et les agresseurs détalent, "tout comme le gérant du bar qui ferme son rideau de fer", selon la victime. "Ce passant me prête sa veste en jean car mes vêtements étaient tout déchirés", reprend Amos, qui est emmené à l'hôpital avec l'œil gauche particulièrement gonflé. "Aujourd'hui, ça va un peu mieux, même si j'ai toujours un œil amoché et que je suis toujours sous le choc. J'ai coupé mes cheveux et je porte une capuche car j'ai peur qu'on me reconnaisse, la vidéo a beaucoup tourné", confie-t-il. Avant de relever : "J'ai quitté le Congo car j'étais harcelé en raison de mon homosexualité, je ne pensais pas vivre ça à Paris."
Coprésident de SOS homophobie, Joël Deumier appelle à ne pas s'habituer à ce genre de faits. Par le rassemblement prévu place de la République, "nous voulons apporter notre soutien à Amos et demander au gouvernement de prendre des mesures concrètes et efficaces pour lutter contre les agressions homophobes, déclare-t-il. C'est insupportable qu'en 2024, nous nous fassions agresser au prétexte que nous parlons de notre vie dans un bar." Si Amos, encore sous le choc, n'a pas prévu de marcher, son conjoint fera partie du cortège.
⏰🪧 Déroulé du #rassemblement interassociatif en soutien à #Amos prévu demain à 18h30, Place de la République, à Paris :
•18h30: début du rassemblement
•19h: prises de parole associatives et témoignages
•20h30: fin du rassemblement
Texte de l’appel et + d’infos ⬇️ https://t.co/UF7Sp2GwKc— SOS homophobie (@SOShomophobie) March 27, 2024
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Crédit photo : DR
]]>On a essayé de rentrer dans les cases, on a échoué. C'est le seul raisonnement logique que l'on peut avoir en écoutant Ratking, le deuxième album de la Danoise Brimheim (de son vrai nom Helena Heinesen Rebensdorff). "À travers lui, je prends du recul sur toutes les relations hétéros que j’ai eues et dans lesquelles j’essayais de me fondre dans la peau de quelqu’un que je ne suis pas, explique la chanteuse. Je vivais une vie qui ne me correspondait pas. Ma place était ailleurs." Après un EP suivi d’un premier album, Can't Hate Myself into a Different Shape, très remarqués au Danemark, elle continue à creuser son sillon d'une pop/rock indé un peu sombre, comme une Phoebe Bridgers (du supergroupe Boygenius) en pleine déprime saisonnière (le printemps est arrivé…). On peut percevoir quelques influences hyperpop et électro qui remontent à ses années de conservatoire, mais la chanteuse privilégie désormais les sonorités rock, en témoigne la présence grandissante de la batterie dans presque tous les morceaux de ce nouvel album.... ]]>
"Aujourd'hui, la Thaïlande a fait un pas de plus vers l'égalité entre les personnes", a déclaré le porte-parole du parti du Premier ministre. Ce mercredi 27 mars, la chambre des représentant a voté à une large majorité en faveur de l'ouverture du mariage aux couples homosexuels. Avant d'être promulgué par le roi et de devenir une réalité, le mariage pour tous doit encore être adopté par le Sénat. La Thaïlande deviendrait alors le premier pays d'Asie du Sud-Est à reconnaître le mariage entre personnes de même sexe et le troisième en Asie, après Taïwan et le Népal.
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Le projet de loi du gouvernement thaïlandais, issu d'une coalition conservatrice, vise à modifier dans la loi sur le mariage les termes de "femme", "homme", "mari" et "épouse" pour leur préférer des mots épicènes, c'est-à-dire non genrés. Les couples homosexuels pourront également adopter et hériter. "C'est un énorme pas pour notre pays", s'est félicité auprès de l'Agence France-Presse (AFP) Mookdapa Yangyuenpradorn, porte-parole du groupe de défense des droits humains Fortify Rights.
À l'occasion de la Saint-Valentin, les autorités de Bangkok avaient organisé le 14 février des cérémonies symboliques de mariage. La Thaïlande, monarchie constitutionnelle à majorité bouddhiste, bénéficie d'une bonne réputation concernant l'acceptation des personnes LGBTQI+, malgré des lois discriminatoires empêchant notamment les transitions à l'état civil. "Le parlement thaïlandais devrait poursuivre sur sa lancée et accorder la priorité à [l']adoption immédiate [du projet de loi], en tenant compte de l’enthousiasme qu’elle suscite, signe que le pays a soif d’égalité. Les législateurs doivent continuer de montrer aux membres de la communauté LGBTI qu’ils écoutent et entendent leurs voix, leurs souhaits et leurs points de vue", déclarait Amnesty International en décembre 2023, alors que le texte venait de recevoir un feu vert en commission.
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Crédit photo : Manan Vatsyayana / AFP
]]>C’est un soulagement pour les victimes. Iliès B., suspecté de plusieurs guets-apens homophobes à Paris, sera bientôt jugé devant la cour d’assises de Paris, a appris têtu· de sources concordantes. Il est accusé d’“extorsion avec arme” et “vol avec arme” commis en raison de l’orientation sexuelle des victimes, des faits pour lesquels il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, précise le parquet de Paris.
Cette affaire remonte à l’automne 2022. En l’espace de quelques semaines, quatre hommes sont piégés lors de rendez-vous fixés sur des sites de rencontres comme Coco. Le mode opératoire de leur agresseur est bien rodé : il leur donne son adresse, un immeuble du 18e arrondissement de Paris – où il vit chez ses parents –, les emmène dans les caves où il les menace avec un couteau afin de les détrousser. Certains sont humiliés, traînés au sol et traités de “pédé”. L'une de ses victimes, Marc, avait témoigné pour têtu· l'an dernier au sein de notre dossier sur les guets-apens homophobes : “J’avais l’impression que c’était un jeu pour lui. Il a aiguisé son couteau sur la tuyauterie et m’a expliqué en montrant mon cœur qu’il pouvait très bien le planter.”
L'agresseur dérobe à ses victimes quatre smartphones qu’il revend ensuite dans le quartier de Barbès pour un montant total de 170 euros. “Pour 170 euros, vous pouvez risquer la prison à vie”, insiste aujourd'hui Me Thomas Vanzetto, l’avocat d’une des victimes. Ce n’était pourtant pas la peine qu’encourait Iliès B. initialement.... ]]>
D'après le ministre brésilien de la Justice, l'enquête est "terminée". La Cour suprême fédérale (STF) du Brésil a annoncé ce dimanche 24 mars l'arrestation des trois commanditaires présumés de l'assassinat en 2018 de Marielle Franco, 38 ans, une élue noire et bisexuelle du conseil municipal de Rio de Janeiro, native des favelas et encartée au Parti du socialisme et de la liberté (PSOL), qui s'était dressée contre les milices.
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Si la police avait annoncé, un an après le crime, l'arrestation de deux ex-policiers suspectés d'en être les auteurs, restait à mettre la main sur ses commanditaires. La police fédérale a interpellé l'ex-chef de la police civile de Rio, Rivaldo Barbosa, l'ex-conseiller de la Cour des comptes de Rio Domingos Brazão, ainsi que le frère de ce dernier, le député Joao Chiquinho Brazão. Les trois hommes ont été désignés par Alexandre de Moraes, le juge de la STF en charge de l'affaire, comme les présumés "architectes" de l'assassinat de l'élue et de son chauffeur, Anderson Gomes.
Longtemps du ressort du parquet de Rio, l'enquête a donné lieu à "presque cinq ans d'investigations infructueuses" en raison de "l'obstruction" de certains de ses membres, a expliqué le ministre de la Justice, Ricardo Lewandowski. Elle a été reprise en main par la police fédérale en février 2023, après le retour au pouvoir du président de gauche Lula. C'est l'homme accusé d'avoir tiré sur la victime, un ancien membre de la police militaire de Rio arrêté en 2019 et actuellement en prison, qui aurait livré les noms des commanditaires de l'assassinat. "Le crime a été orchestré par les deux frères et méticuleusement planifié par Rivaldo Barbosa”, détaille le juge dans le document ordonnant leur placement en détention provisoire dans une prison fédérale à Brasilia, la capitale du pays. Célébrant la "victoire de l'État brésilien et des forces de sécurité contre le crime organisé", le magistrat a affirmé : "Nous savons très clairement qui sont les auteurs de ce crime odieux, car il est clairement de nature politique."
Le ministre de la Justice a de son côté divulgué un extrait de l'enquête policière qui lie la "motivation fondamentale" du crime à l'activité des milices. Formées entre autres d'anciens policiers, de militaires à la retraite et de pompiers, celles-ci sont apparues il y a une quarantaine d'années pour se défendre contre les gangs de trafiquants de drogue. L'enquête fait état de "divers indices d'implication" des frères Brazão, en particulier Domingos, "dans des activités criminelles, y compris celles liées aux milices et à l'usurpation de terres". Elle souligne également des "divergences dans le domaine politique", a expliqué Ricardo Lewandowski : la conseillère municipale s'était opposée à un groupe qui souhaitait régulariser des terrains à des fins commerciales, alors qu'elle encourageait une utilisation sociale.
Figure de la lutte pour les droits des communautés noire et LGBTQI+, Marielle Franco dénonçait aussi la violence policière et les exactions des milices paramilitaires qui gangrènent Rio. Elle avait prévu d'épouser sa compagne, Monica Benicio, en 2019. Mais le 14 mars 2018, sortant d'un débat avec de jeunes femmes noires, elle rentrait chez elle quand sa voiture a été criblée de balles. "Aujourd'hui, un grand pas a été accompli pour tenter d'obtenir la réponse à la question que nous nous posons depuis des années : qui a tué Mari, et pourquoi ?" s'est réjouie sur X (Twitter) Anielle Franco, sœur de Marielle et actuelle ministre de l'Égalité raciale. En 2019, un jardin Marielle-Franco a été inauguré dans le 10ᵉ arrondissement de Paris, tandis qu'une statue en sa mémoire a été érigée en 2022 à Rio de Janeiro.
Crédit photo : AFP – Conseil municipal de Rio de Janeiro – Mario Vasconcellos
Notre délicieuse Santa accueille le printemps comme il se doit avec "Recommence-moi". Subtilement vintage, ce titre de variété française aussi frais que pétillant accompagne à merveille ce nouveau cycle saisonnier.
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Gossip signe son retour après douze ans d'absence avec l'album Real Power. Le groupe ne revient pas d'hibernation pour rien et n'a pas perdu de sa radicalité. Une esthétique et des références résolument punks dont les sonorités pop, disco et soul raviront les néophytes aussi bien que les fans de la première heure.
Avec les arrangements d'AG Cook et la voix d'Addison Rae, "Von Dutch", le dernier son de Charli XCX, explore de nouvelles saveurs. Dans la même dimension que l'original, ce remix tiré d'une boiler room exclusive promet de ravir vos écoutilles.
Qui a dit que les lesbiennes étaient toutes accro à leur ex ? Girl in Red en a marre de se laisser mener par le bout du nez, et on la comprend, alors on écoute "You Need Me Now?" au lieu de promesses creuses. Il y a de grandes chances pour que la collaboration avec Sabrina Carpenter fasse partie intégrante de nos soirées karaoké post-ruptures.
Après nous avoir mis l'eau à la bouche depuis quelques semaines, la jolie brune Fletcher dévoile enfin son album en intégralité. Comme une lanterne qui scintille dans les débris d'une rupture, entre chaos et catharsis, la jeune chanteuse se confie en 11 titres plus intimes que jamais avec "In Search of the Antidote".
Combien de soirées passées en cachant son désespoir derrière un spleen festif ? Sébastien Delage déplore dans "Pas encore minuit" la lassitude des instants bercés dans des effluves d'alcool et dans la solitude.
Pour patienter avant son prochain album Matriarchy, prévu pour le 17 mai, la chanteuse queer Girli nous drague avec "Crush Me Up". Papillons dans le ventre, cœur qui s'emballe, température qui monte, la miss met en musique sur fond de pop la sensation d'un béguin vibrant.
Le duo incandescent Ascendant Vierge revient prendre possession de nos écouteurs avec "Lotus noir". Un titre électro vaporeux rythmé comme une messe noire insolente.
La chanteuse danoise Brimheim dévoile les facettes les moins reluisantes de sa personnalité dans son second album, Ratking. À force de vouloir plaire à tout prix pour quelques miettes d'affection, elle a fini par s'effacer tout à fait. L'artiste porte un regard honnête et sans tabou sur une période de sa vie qui s'est soldée par une quête de soi et une épiphanie queer.
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Crédit photo : Gossip
]]>Toujours plus dans la répression anti-LGBT en Poutinie. La Russie a placé ce qu'elle appelle le "mouvement international LGBT" sur sa liste des personnes déclarées "terroristes et extrémistes", indique une notice du service russe des renseignements financiers relayée ce vendredi 22 mars par l'Agence France-Presse (AFP).
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Le président Vladimir Poutine, qui vient d'obtenir sa réélection pour six ans, mène depuis plus de dix ans une guerre aux LGBT qu'il associe à un Occident décrit comme "décadent", voire "sataniste". Depuis le début de l'offensive déclenchée contre l'Ukraine, les autorités russes répriment parallèlement de plus en plus fortement les minorités sexuelles. Après un durcissement en 2013 puis en 2022 de la législation homophobe, ledit "mouvement international LGBT" a ainsi été banni par la Cour suprême russe en novembre 2023 pour "extrémisme". Bien que floue, cette formulation a ouvert la voie à une répression accentuée, et à de lourdes peines de prison.
Mercredi, les autorités ont annoncé avoir placé en détention provisoire les gérants d'un bar dans l'Oural, qui risquent jusqu'à dix ans de prison pour "extrémisme" LGBT+. Selon l'accusation, "au cours de l'enquête, il a été établi que les accusés, des personnes ayant une orientation sexuelle non traditionnelle, (...) soutiennent également les opinions et les activités de l'association publique internationale LGBT interdite dans notre pays".
Il s'agit de la première affaire pénale pour ce motif, mais plusieurs Russes ont été condamnés ces dernières semaines à des amendes pour avoir par exemple mis en ligne des photos comportant des drapeaux arc-en-ciel ou encore, dans le cas de deux femmes, d'avoir diffusé en ligne une vidéo de leur baiser. En 2023, les députés russes avaient également voté l'interdiction de toute possibilité de transition de genre.
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Crédit photo : Valeriy Sharifulin / POOL / AFP
]]>Dans les années 1990, la pop culture a oscillé entre des sous-textes queers et l’introduction de personnages ouvertement LGBTQI+. Sexe Intentions joue sur les deux tableaux : sorti en 1999, le teen movie de Roger Kumble (Cruel Intentions dans sa version originale), adaptation des Liaisons dangereuses, le roman épistolaire de Choderlos de Laclos de 1782, a provoqué de nombreux éveils lesbiens grâce à un baiser mémorable et dressé le canevas camp fait de haines recuites dans des écoles privées d'élite, sur fond de sexe et de drogue, sur lequel s'écrit tant de nos fictions préférées, de Gossip Girl à Elite.... ]]>
“Un matin tu te lèves dans ton pyjama, tu as 43 ans, et tu te poses une multitude de questions : est-ce que je dois m’empêcher de sortir sans maquillage ? Repenser ma manière de m’habiller ? Je me demande de plus en plus si j’agis pour moi ou parce que c’est ce qu’on attend de moi en tant que femme.” Comme nous toutes, Beth Ditto a pris de l’âge, mais elle garde toute sa niaque. La chanteuse de Gossip – avec Nathan Howdeshell à la guitare et Hannah Billie à la batterie – cherche toujours à provoquer, par exemple en commençant par un bruit de pisse “Crazy Again”, le premier single de leur nouvel album, Real Power, qui signe le retour du groupe après douze ans d’absence. Le clip débute sur elle, dans un costume qui rappelle l’outrance des films de John Waters, assise sur les pires chiottes imaginables, dans une atmosphère glauque de néon dysfonctionnel.... ]]>
À Kaolack, sur les rives du fleuve Saloum, le nom de Cheikh Fall est presque frappé d’interdit. Il résonne comme celui d’un démon, pas d’un humain. “De toute façon, personne ne le connaissait, personne ne le fréquentait”, souffle-t-on dans cette ville de l’ouest du Sénégal, en Afrique de l'Ouest, à trois heures de route au sud de Dakar. “Moi-même je ne l’ai jamais vu, assure Babacar, un jeune électricien qui s’improvise notre traducteur. Ici les gens ne parlent pas de ça car ils ont peur d’être associés à lui. Même si quelqu’un l’a connu, il ne va pas le dire.” Son existence est niée, son souvenir supprimé, et un trait a été tiré sous l’effet d’une haine viscérale. L’évoquer, c’est prendre le risque de voir les mines se décomposer et le dialogue se fermer. Des froncements de sourcils, des sourires gênés, des “non” à répétition, parfois des insultes jaillissent entre deux claquements de portes. “Moi aussi, j’ai peur d’en parler. Les gens vont dire que je suis un «collabo». C’est un truc de Blancs de parler de ça, ça vient de l’Occident”, poursuit Babacar sous le regard mi-inquiet mi-réprobateur de son père, Bassirou, qui l’accompagne.
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“Ça”, c’est l’histoire de Cheikh Fall, un jeune homme de 31 ans mort le 27 octobre 2023, “d’une raison inconnue”, selon sa famille. Moins de 24 heures après son inhumation dans le cimetière Léona Niassène, sa dépouille a été déterrée de nuit avant d’être traînée puis brûlée sur la place publique. La scène, insoutenable, a été filmée, puis diffusée sur les réseaux sociaux. Dans la pénombre, la foule animée – entre 150 et 200 personnes – s’agite autour du cadavre embrasé et le traite de “goor-jigeen” (“femme-homme”, l’insulte homophobe wolof). À Kaolack, deuxième ville économique du pays, l’acte de barbarie est assumé, revendiqué : “Dans l’islam on n’enterre pas les homosexuels dans nos cimetières”, tente d’expliquer Babacar, sans toutefois légitimer cet acte qu’il qualifie de “violent” et “inhumain”.
Au Sénégal, à majorité musulmane (90%) et très pratiquante, l’homosexualité reste communément considérée comme une “déviance”. Ce préjugé est validé par la loi sénégalaise, qui rend passible les actes “contre nature avec un individu de son sexe” d’une peine d’un à cinq ans de prison. Dans le discours politique, y compris dans la bouche du président de la République, Macky Sall (qui a récemment tenté de reporter en décembre l'élection présidentielle, laquelle se déroule finalement ce dimanche 24 mars), l’homosexualité est considérée comme allant à l’encontre de la culture nationale, un instrument de l’Occident pour imposer ses valeurs. Ce conservatisme ne cesse de se renforcer : chaque année, des manifestations à Dakar réclament un durcissement de la loi à l’égard des personnes LGBTQI+.
Malgré cela, le calife Serigne Tidiane Khalifa Niasse, le plus haut responsable local de l’influente confrérie religieuse des Tidianes, par ailleurs responsable du cimetière Léona Niassène, a dénoncé les faits survenus à Kaolack dans un communiqué : “Je tiens à exprimer notre profonde indignation et notre condamnation catégorique de l’acte répréhensible qui a été commis à l’encontre d’un individu, dont nous n’avons aucune responsabilité sur sa vie privée. Cet acte ne peut en aucun cas être justifié ni toléré. (…) Il ne nous incombe en aucun cas de décider qui doit être inhumé ou non dans les cimetières. (…) Notre foi est basée sur les enseignements de l’islam, qui promeut la paix, la tolérance, la compassion et le respect des droits individuels. Nous condamnons toute interprétation déviante de notre religion qui justifierait de tels actes.”... ]]>
Des "raisons personnelles et politiques". C'est en ces termes sibyllins que Leo Varadkar, Premier ministre d'Irlande, 45 ans, a annoncé ce mercredi 20 mars, à la surprise générale, sa démission avec effet immédiat. Premier chef de gouvernement ouvertement gay du pays, il renonce à gouverner le pays deux semaines après avoir perdu un vote pour moderniser la Constitution sur la définition de la famille et du rôle des femmes dans la société.
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"Je démissionne de la présidence et de la direction du Fine Gael [centre-droit] et démissionnerai de mon poste de Premier ministre dès que mon successeur sera en mesure de prendre ses fonctions, a-t-il déclaré à la presse depuis le parvis du Leinster House, le siège des deux chambres de la République d'Irlande. Après sept ans [à la tête du parti], je n'ai plus l'impression d'être la meilleure personne pour ce poste. Les hommes politiques sont des êtres humains et ont leurs limites." Dressant son bilan économique et social, il s'est malgré tout félicité d'un pays "plus égalitaire, plus moderne lorsqu'il s'agit des droits des enfants, de la communauté LGBT, de l'égalité des femmes et de leur droit à disposer d'elles-même".
Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, les électeurs irlandais ont largement rejeté une réforme de la Constitution irlandaise, écrite en 1937 et fortement influencée par l'Église catholique, en élargissant le concept de famille au-delà de la notion de mariage pour y inclure également les "relations durables". Le référendum a recueilli plus de 67% d'opposition dans les urnes. Une autre proposition visait à supprimer la mention des "devoirs domestiques" des femmes, pour indiquer que chaque membre d'une famille devait prendre soin des autres : plus de 73% de contre. L'échec est d'autant plus cinglant pour le gouvernement que dans la plupart des circonscriptions, le taux de participation n'a pas dépassé 50%.
Avant le vote, le Premier ministre, qui incarne le visage moderne de l'Irlande, avait considéré qu'une victoire du "non" serait synonyme d'un "pas en arrière" pour le pays. À la tête du gouvernement depuis décembre 2022, il avait déjà occupé le poste entre 2017 et 2020, faisant de lui le plus jeune Premier ministre du pays, à 38 ans. Fils d'un médecin indien et d'une infirmière irlandaise, lui-même médecin, il avait fait son coming out public en 2015, alors qu'il était ministre de la Santé. L'Irlande, qui a dépénalisé l'homosexualité en 1993, devait quelques mois plus tard autoriser par référendum le mariage pour tous (approuvé avec 62% des voix). "Je ne pouvais absolument pas faire campagne pour le mariage en disant «eux, les autres, ceux-là»", avait-il expliqué à la radio.
Deux semaines avant sa prise de fonction en 2022, Leo Varadkar avait été filmé à son insu dans une boîte de nuit de Dublin embrassant un autre homme que son conjoint. Si l'événement peut sembler anodin, la vidéo était devenue virale, l'obligeant à s'excuser : "Chacun fait des erreurs de jugement." Concernant sa démission, ce mercredi, le Premier ministre irlandais a simplement déclaré : "Je sais bien qu'il y aura des spéculations pour connaître les «véritables raisons» de ma décision. Il n'y en a pas. C'est tout. Je n'ai rien derrière la tête. Pas de plan personnel ou politique, mais j'ai hâte de prendre le temps d'y réfléchir."
Crédit photo : Leo Varadkar / Instagram
]]>“Je ne retournerai pas mourir chez maman.” Le philosophe Michel Foucault est mort du sida le 25 juin 1984, et son compagnon, le sociologue Daniel Defert (décédé le 7 février 2023), s’insurge contre l’inconsistance du corps médical face à l’épidémie – alors que le virus responsable a été découvert en France un an auparavant. En septembre de cette année-là, dans une lettre à des proches, il propose, inspiré par les exemples britannique et américain, de créer une association pour lutter contre le sida, dénonçant du même coup l’inaction voire le déni du militantisme et de la presse gay de l’époque. Ce n’est pas la première organisation à vouloir organiser une réponse à la maladie – Vaincre le sida date de 1983 – mais Aides – le nom est choisi en mêlant “aide” et “aids”, l’acronyme de sida en anglais – devient vite la principale et la plus active et lance réellement la lutte.
Tout est encore à faire face au sida, sur lequel on a alors très peu de connaissances scientifiques. L’urgence est d’abord de briser le tabou, d’informer autant que possible pour que la communauté se protège. Les bénévoles de Aides interviennent dans les bars, les backrooms et les saunas pour distribuer des brochures et des capotes, rencontrant parfois l’opposition virulente des propriétaires des lieux. Longtemps frileux dans son approche de l’épidémie, Gai Pied Hebdo finit par diffuser dans ses pages une plaquette d’information réalisée par l’association, puis ses appels aux dons et aux bénévoles. Dès 1985, une permanence téléphonique tenue par des bénévoles se met en place pour répondre aux questions des malades et aux inquiétudes de la commu, qui deviendra la ligne Sida info service. Le groupe d’aide aux malades, élément majeur de l’association, est composé de volontaires qui soutiennent ceux qui sont atteints, et les accompagnent jusque dans les hôpitaux.
Mais les résistances au sein de la communauté sont nombreuses pendant les premières années. Les organisations militantes, comme les Groupes de libération homosexuelle ou le Comité d’urgence anti-répression homosexuelle, et les journaux, tels Gai Pied et Masques, voient dans l’action de Aides une remise en cause hygiéniste et moraliste de la libération sexuelle, une nouvelle stigmatisation favorisant l’homophobie. Les fondateurs de l’association ne viennent pas de leurs rangs et sont suspectés d’être des “bourgeois honteux”.
Projet collectif, Aides rassemble rapidement 1.200 adhérents et 200 bénévoles, pour un budget de 2,5 millions de francs (770.000 euros). En novembre 1985 est fondée son antenne marseillaise – dont la cinquantaine de bénévoles créent leur propre permanence téléphonique –, suivie par Grenoble et Rennes. Alors que l’association se développe au même rythme que la prise de conscience de l’étendue de l’épidémie, une division naît : “Un mouvement associatif doit-il être tourné vers les professionnels, ou vers la mobilisation des gens atteints ou exposés ?” résumera en 1992 Daniel Defert, partisan de la deuxième solution. Le médecin Jean-Florian Mettetal (mort du sida en 1982) et son compagnon, le journaliste Frédéric Edelmann (décédé le 25 janvier), tous deux cofondateurs de Aides, veulent quant à eux s’adresser au corps médical et quittent l’association pour rejoindre en 1987 Arcat-Sida. “Pour aider les malades, il ne suffisait pas de leur apporter réconfort ou réassurance, ni de les aider à avoir confiance en tel ou tel médicament, justifia Edelmann. Il fallait apporter information et formation à tous les professionnels qui peuvent être amenés à les prendre en charge.” La scission, que rapporte de manière romancée Hervé Guibert dans À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, laisse des traces, mais Arcat-Sida creuse son sillon en créant en 1988 ce qui deviendra le Journal du sida, paru d’abord sous le nom de Sida 89, acronyme de “savoir, informer, débattre, analyser”.... ]]>
Voici quarante ans, cette année, qu’au sein de la communauté LGBTQI+ des hommes et des femmes ont commencé à s’organiser pour mener la lutte anti-sida. Certains ont choisi l’aide aux malades, indispensable tant ceux-ci étaient livrés à eux-mêmes et stigmatisés ; d’autres la radicalité politique, nécessaire pour placer élus et laboratoires au pied du mur de leurs responsabilités. Cleews Vellay était de ces derniers, comme président d’Act Up ; il n’aura pas vu son action aboutir, fauché par le sida en 1994 (lire à ce sujet notre dossier spécial dans le magazine têtu· du printemps). C’est grâce à l’action militante à laquelle il prit part, et aux nouveaux traitements, que nous vivons aujourd’hui normalement avec le VIH.
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Qu’aurait dit Cleews s’il avait su cela ? et s’il avait pu vivre jusqu’à obtenir le droit d’épouser celui qu’il appelait son mari ? La progression des droits LGBTQI+, en France comme dans une bonne partie de l’Europe, est depuis les années 1980 tangible sur le temps d’une vie humaine. Et si le tiraillement entre pragmatisme et radicalité traverse les luttes queers comme chaque mouvement de libération depuis la Révolution, dans un demi-siècle ne resteront que les progrès réalisés, les droits conquis.
Ces décennies de combat anti-sida auront fait prendre au sein de la commu un ciment crucial : la solidarité. Un regard queer sur le monde, c’est un regard qui n’oublie pas cela, et se souvient que quel que soit notre itinéraire personnel, l’histoire peut se charger en un claquement de droits de nous ramener d’où nous venons : la marge. Celle où vivent encore beaucoup d’entre nous, parmi les sans dents, les sans abri, les sans papiers.
Or, quelles sont les priorités endossées par le nouveau gouvernement d’Emmanuel Macron ? D’énièmes restrictions de nos protections sociales, s’ajoutant aux multiples coups de canifs portés depuis maintenant dix ans que la première loi Macron a été votée en 2014. Avec d’abord une nouvelle réforme de l’assurance chômage, durcissant pour la troisième fois depuis 2017 les règles d’indemnisation. Ce qu’on ne prend même plus la peine de nous justifier, si ce n’est en nous chantant l’air du : France, Travaille !
“On est passé de 24 à 18 mois de durée d’indemnisation, on peut encore réduire. On peut aussi accentuer la dégressivité des allocations”, est ainsi aller plastronner le nouveau chef du gouvernement, Gabriel Attal, dans le Journal du dimanche. Comme si l’assurance chômage était un cadeau qu’on avait fait à d’autres qu’à nous-mêmes, et non un filet de sécurité que nous avons tissé ensemble pour ralentir notre chute, en cas de perte d’emploi, vers le revenu minimum, c’est-à-dire la pauvreté. Il faut n’avoir jamais été au chômage pour croire qu’on s’y inscrit en se promettant deux ans de vacances, et qu’il nous faudrait donc des coups de cravache pour nous remettre au boulot. Nous avons des logements à payer, Monsieur le Premier ministre, et des bouches à nourrir, qui nous motivent bien suffisamment.
Deuxième promesse que s’est empressé de confirmer le nouveau chef du gouvernement : réduire l’Aide médicale d’État (AME), qui permet de soigner les étrangers – soit l’exemple même de la solidarité, laquelle récompense en retour puisqu’il en va aussi de notre santé collective.
Pour la rappeler à l’ordre sur ces chemins de rabotage des solidarités nationales, la macronie ne devrait pas trouver que la gauche, mais aussi les gaullistes s’ils étaient cohérents. À notre époque de creusement alarmant des inégalités, au sein de nos frontières comme entre les nations, il est nécessaire de nous rappeler que la solidarité n’est pas une cerise sur le gâteau démocratique mais bien le pilier d’une société visant l’épanouissement de ses sujets. La réalisation des conditions minimum de vie matérielle permet d’y faire progresser les droits humains, et non l’inverse.
Une réflexion d’autant plus importante que la France et l’Europe font face au bouleversement climatique, avec des conséquences migratoires inévitables, et à la montée en puissance de forces qui s’en prennent à nos valeurs, en interne comme le lobby réac, ou depuis l’extérieur comme le dictateur Poutine.
Devant ces défis, si la France et l’Europe choisissent de se raidir et de s’enfermer, elles se conformeront encore au constat fait par Frantz Fanon juste avant que de mourir d’une leucémie à 36 ans. En contemplant notre histoire coloniale, le psychiatre et militant martiniquais écrivait dans Les Damnés de la terre : “L’Europe s’est refusée à toute humilité, à toute modestie, mais aussi à toute sollicitude, à toute tendresse.” En cette année d’élections européennes, l’histoire des luttes queers nous ramène plus que tout aux fondements de notre belle utopie : liberté, égalité, solidarité.
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Crédit illustration : Ludovic Marin / AFP
]]>"Nous sommes menacés d’extinction.” Le dernier rapport d’Amnesty International sur la situation des droits LGBTQI+ en Afrique, publié en janvier, ne cache pas son alarmisme. De part et d’autre du continent, l’organisation de défense des droits humains relève “une escalade du sentiment anti-LGBTI” et “l’utilisation de la loi comme une arme” de répression. De fait, têtu· en tient la chronique régulière, les offensives législatives dirigées contre les LGBTQI+ se multiplient.
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“Pour de nombreuses personnes LGBTI en Afrique, 2023 n’était rien de moins qu’un cauchemar dystopique”, alerte Amnesty, relevant “une montée des attaques, une oppression accrue, une hostilité croissante envers leur identité” et “un déni systématique de leurs droits humains fondamentaux”. Le durcissement de l’homophobie en Afrique est corrélé à la radicalisation, observée depuis la fin du XXe siècle, du sentiment religieux. Entre l’essor de l’intégrisme musulman, la progression des Églises évangéliques et la persistance du catholicisme, la haine anti-LGBT est œcuménique. Quand, en décembre, le Vatican a annoncé que les homos en couple pouvaient être bénis, il s’est vu répondre : “Nous, les évêques africains, ne considérons pas qu’il soit approprié pour l’Afrique de bénir les unions homosexuelles ou les couples de même sexe.”
Parmi les 54 pays du continent, l’homophobie d’État reste la règle plutôt que l’exception : l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes (Ilga) relève une trentaine de pays interdisant les pratiques homosexuelles. Celles-ci sont passibles de la peine de mort en Ouganda, pays majoritairement chrétien, en Mauritanie, où l’islam est la religion officielle, en Somalie et dans plusieurs États du nord du Nigeria qui appliquent la charia. Les relations homosexuelles n’ont été dépénalisées que dans une poignée de pays – l’Angola, le Botswana, le Cap-Vert, le Gabon, la Guinée-Bissau, le Lesotho, le Mozambique, Sao Tomé-et-Principe et les Seychelles – et seule l’Afrique du Sud autorise le mariage homosexuel, qu’elle a légalisé en 2006.... ]]>
La série noire rappelle que le phénomène nécessite une réaction forte des autorités sanitaires. En quelques jours, trois hommes sont morts à Bordeaux à la suite de ce qui semble être des sessions de chemsex, a révélé ce mercredi 20 mars BFMTV. Un quatrième a été admis aux urgences après avoir plongé dans un coma.
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Peu avant 20h le 12 mars, deux hommes de 44 et 47 ans ont d'abord été retrouvés morts dans un immeuble de Bordeaux. Les voisins ont prévenu la police à cause de l'odeur pestilentielle qui se dégageait, rapporte France Bleu. De fait les premières constatations font remonter à plusieurs jours les deux décès, qui seraient liés à la prise de drogue en contexte sexuel. Les forces de l'ordre ont retrouvé une quantité "significative" de stupéfiants, précise Le Figaro.
Le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête en recherche des causes de la mort. "Le parquet a ordonné l’autopsie de chacun des corps ainsi que les analyses anatomopathologiques [des tissus] et toxicologiques nécessaires", précise une source judiciaire à la chaîne d'info en continu. La police technique et scientifique s'est rendue sur place et l'appartement a été placé sous scellé. La piste d'un double suicide peut aussi être envisagée.
Trois jours plus tard, dans la nuit du 15 au 16 mars, un autre homme, âgé lui de 61 ans, est mort à Bordeaux, après une soirée au cours de laquelle il a eu des relations sexuelles avec plusieurs hommes sous l'emprise de stupéfiants, indiquent nos confrères de BFMTV.
Selon la même source, les enquêteurs ont appris qu'un autre homme avait été admis aux urgences bordelaises quelques jours plus tôt, alors qu'il était tombé dans le coma. Son état s'est amélioré et il a pu être auditionné le 16 mars, rapporte BFM. Selon France Bleu, ce sont deux patients qui ont été admis aux urgences. Les associations concernées et têtu· le réclament de longue date : les autorités doivent tenir un recensement des accidents et décès liés au chemsex, afin d'évaluer précisément l'ampleur du danger, et mettre en place une politique nationale de prévention et de réduction des risques.
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Crédit photo : Max Fleischmann Unsplash
]]>En huit épisodes, majoritairement réalisés par Gus Van Sant et diffusés sur Canal + en France, Feud : les trahisons de Truman Capote revient sur la mort sociale de l’auteur de Breakfast at Tiffany's (Petit Déjeuner chez Tiffany, 1958), après qu’il a utilisé les confidences de son groupe d’amies de la haute bourgeoisie new-yorkaise pour une histoire publiée dans le magazine Esquire, en 1975. Dans La Côte basque, 1965, référence au nom du restaurant où il fréquente celles qu’il surnomme ses "cygnes", Truman Capote détaille de sa plume acérée les mesquineries et tromperies des uns et des autres, et même un possible meurtre maquillé en accident. Et ce n’est que le début, puisque ce texte n'est qu'une partie d'un roman, Prières exaucées, qu’il vend à ses éditeurs comme son chef-d’œuvre proustien.
Ses amies se sentent trahies, en particulier Babe Paley, ancienne rédactrice chez Vogue devenue une icône de la mode, et proche de l’auteur depuis près de vingt ans. Dans son récit, Capote expose les infidélités à répétition de du mari de Babe, Bill Paley, racontant par exemple que son amante, Happy Rockefeller, a laissé volontairement des traces de sang menstruel sur le lit conjugal dans le but de faire enrager sa rivale ! L'auteur s’était déjà inspiré de son amie pour créer le personnage de Holly Golightly dans son roman Petit Déjeuner chez Tiffany. Mais cette fois, la situation est différente, puisqu'il dévoile des confidences intimes. Devenu persona non grata au sein d’un milieu qui l’inspire et le dégoûte à la fois, l’écrivain noie son chagrin dans l’alcool et les drogues. “Sublimes et imperturbables à la surface de l’eau. Éblouissantes, inégalables, glissant avec grâce dans les bassins de la haute société." C’est avec admiration mais aussi une acuité féroce que le vilain petit canard décrit ses cygnes, qui le lui font cher payer.... ]]>
Après des amendes, les poursuites au pénal. Ce mercredi 20 mars, le tribunal d'Orenbourg, ville russe proche de la frontière avec le Kazakhstan, a placé le directeur artistique et l'administratrice du bar Pose en détention provisoire pour au moins deux mois pour "extrémisme" LGBT, rapporte l'AFP. "Au cours de l'enquête, il a été établi que les accusés, des personnes ayant une orientation sexuelle non traditionnelle, (…) soutiennent également les opinions et les activités de l'association publique internationale LGBT [sic] interdite dans notre pays", rapporte un communiqué du tribunal, diffusé sur Telegram.
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Dans ce pays fer de lance du lobby réac, ce raid judiciaire est possible depuis un arrêt de la Cour suprême rendu fin novembre 2023 permettant de ”classer comme extrémiste le mouvement de société international LGBT et d'interdire ses activités sur le territoire de la Fédération de Russie". Cette qualification peut conduire à une peine pouvant aller jusqu'à dix ans de détention.
L'audience au tribunal d'Orenbourg s'est déroulée à huis clos. Les magistrats ont décidé "de l'incarcération des deux personnes accusées jusqu'au 18 mai 2024", précise le communiqué. "Lors des perquisitions, la police a saisi des smartphones, des ordinateurs portables, des sacs contenant des vêtements pour femmes et des perruques", a rapporté le ministre de l'Intérieur régional, citée par RIA Novosti, l'agence de presse russe sous la tutelle de l'État.
Les deux salariés ont été arrêtés le 9 mars lors d'une descente de police en pleine nuit dans le bar Pose, a affirmé le média indépendant Mediazona, qui a relayé une vidéo de la scène montrant des personnes allongées sur le sol, face contre terre, les mains sur la tête, entourées de policiers. Sur les réseaux sociaux, cet établissement d’Orenbourg dit accueillir une “programmation avec des spectacles”, sans donner plus de détails. Mardi, évoquant cette affaire, la cheffe de la branche russe d'Amnesty International, Natalia Zviaguina, a dénoncé l’ouverture en Russie de “la première enquête pour «extrémisme»” en lien avec la communauté LGBT+.
Ces dernières semaines, plusieurs Russes ont été condamnés à des amendes pour avoir mis en ligne des photos avec des drapeaux arc-en-ciel. Trois clubs LGBTQI+ ainsi qu'un sauna gay moscovites ont fait l'objet de descentes policières et le plus ancien bar LGBTQI+ de Saint-Pétersbourg a dû fermer ses portes. Deux influenceuses ont été condamnées à 500 euros d'amende pour avoir diffusé sur Instagram une vidéo de leur baiser.
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Crédit photo : Olga Maltseva / AFP
]]>Huit ans après avoir gagné The Voice, Slimane est aujourd'hui le candidat de la France à l'Eurovision, joyeuse fête queer de la chanson. Pour têtu·, il évoque son parcours et sa préparation du concours, et se confie également sur sa vie privée : son rapport au corps dans sa jeunesse, le racisme qu'il subit toujours, la paternité… L'interview est accompagnée d'un shooting photo printanier signé Ismael Nebchi !
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"Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous", pourrait susurrer l'Eurovision à nos oreilles LGBT+. Il faut dire qu'entre Jean-Claude Pascal – vous ne connaissez pas ? Pas de panique, on vous explique tout dans le papier – à Conchita Wurst en passant par Dana International ou le Néerlandais Duncan Laurence, le concours européen de la chanson a souvent brillé des couleurs de l'arc-en-ciel. L'occasion de revenir sur l'histoire queer de cet événement unique au monde.
"Je ne retournerai pas mourir chez maman." En 1984, après la mort des suites du sida de son compagnon, le philosophe Michel Foucault, Daniel Defert créait l'association Aides. De nombreuses autres associations verront le jour dans la foulée, parmi lesquelles Act Up-Paris, dont le président le plus emblématique, Cleews Vellay, est lui aussi mort de la maladie en 1994, année de création du Sidaction. Nous revenons sur la vie engagée de celui qu'on surnommait "la Présidente", ainsi que sur son enterrement politique. Notre dossier sur l'histoire de ces 40 ans de lutte contre l'épidémie se termine par une note d'espoir avec une interview de Romuald, connu comme le "patient de Genève", sixième personne au monde à avoir guéri du VIH.
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Printemps oblige, ce numéro ne fait pas l'impasse sur nos perversions assumées, qui s'inscrivent dans la tradition queer d'une sexualité libre et… positive ! Au programme, un article particulièrement bien fourni sur nos jeux de regards préférés, nourri de témoignages de garçons joueurs, exhib ou voyeurs, attachés au consentement. Notion également importante dans le BDSM, dont nous explorons la partie lesbienne. Le tout illustré par les photographes Hervé Lassïnce et London Vagabond. Ce dossier sexy se termine par un quiz sur la coquine qui sommeille en vous…
Fin octobre 2023, une foule a exhumé par homophobie le corps d'un homme, Cheikh Fall, avant de le brûler sur une place de Kaolack, au Sénégal. Notre reporter s'est rendue sur place pour rencontrer ses proches et sa famille, qui ont dû fuir sous les menaces de mort, et nous racontent l'homophobie irrespirable au pays de Macky Sall. Un reportage accompagné d'un état des lieux inquiétant sur le continent africain, où les droits LGBTQI+ reculent à grande vitesse sous les coups de boutoir des intégristes religieux et des législations homophobes.
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Le lasso domine l'arène en tournoyant, l'étalon s'élance, l'homme s'impose face à la bête… Aux États-Unis, le rodéo gay abat les préjugés sur l'homosexualité chez les cow-boys. Les amateurs de cavalcades endiablées et de déboulonnement de clichés sauront apprécier ce reportage venu du fin fond du Nevada, entre grosses moustaches, perruques blondes et robe à pois.
"Je suis homosexuel, sinon vous ne m'auriez pas invité à participer à cette émission. J'aimerais que le citoyen s'en foute." La société française a bien changé depuis le coming out de Bertrand Delanoë en 1998. Mais chez certains, l'identité sexuelle reste un angle d'attaque contre un adversaire politique. Un sujet brûlant ces derniers temps, qui méritait bien un article de fond.
Cyrano de Bergerac à la Comédie-Française, Bernard Tapie sur Netflix… On s'est entretenu avec Laurent Lafitte, qui enchaîne les grands rôles de biopics, dont un Molière bi pour Olivier Py au cinéma. Autant de façons d'incarner des masculinités variées, avec son talent et sa sensibilité.
Où l'on découvre que notre merveilleuse Jeanne n'a jamais eu conscience d'être une icône lesbienne… Sensation brûlante des années 1980, l'artiste qui a troqué le rouge et le noir pour une vie en couleur entretient la flamme avec une tendresse pour le passé, et nous offre quelques confidences inédites et savoureuses.
Cette année, c'est le grand retour de la chanteuse de Gossip après… douze ans d'absence ! L'occasion de retrouver l'artiste assagie, mais toujours aussi combattante. On a aussi parlé à Olly Alexander, qui représente le Royaume-Uni à l'Eurovision cette année – il est aussi à l'affiche de la série It's a Sin, disponibe sur france.tv. Quant à Meryl, pour ceux qui ne la connaissent pas encore, on vous propose un portrait de cette rappeuse martiniquaise de 28 ans, désormais dans la ligne de mire de la rédac.
On avait adoré son premier roman, pour lequel nous avions rencontré Marouane Bakhti. On n'a pas été déçu de la nouvelle inédite que le romancier a écrite pour têtu·.
"Message très personnel ce soir, mais j'aimerais vous dire que je suis gay." Premier e-sportif pro français à faire son coming out, Eika est un jeune homme de 27 ans bien dans ses manettes, qui nous parle de son sport, de l'homophobie sur internet, et de l'importance de la représentation pour sa génération de jeunes gameurs.
Parce qu'on oublie d'y penser, que les préconisations changent et qu'il est souvent difficile de s'y retrouver, on vous propose un topo sur les vaccins obligatoires ou conseillés aux personnes LGBTQI+ en 2024.
Un entretien avec le réalisateur gay Vincent Dieutre dont le dernier film, La Fin de tout, est une plongée dans Los Angeles et ses illusions perdues. Une réflexion sur nos oncles et tantes alliées est également à lire dans ce numéro, où vous retrouverez enfin vos rendez-vous : la playlist de la saison, l'interview sexo sans tabou ainsi que notre sélection de livres que vient compléter celle des Mots à la bouche. Bonne lecture à toustes !
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Interview Florian Ques et Thomas Vampouille
Photographie Ismael Nebchi
"Ça oui, ça non, ça j’adore, ça non…” Ne vous fiez pas à son air réservé, Slimane est un garçon qui sait ce qu’il veut, et qui sait l’obtenir. Le voilà cette année représentant la France à l’Eurovision, qui se déroulera en mai à Malmö (Suède), huit ans après avoir gagné le télé-crochet The Voice, sur TF1. Preuve de sa persévérance, il avait auparavant tenté sa chance à Popstar en 2007, aux castings de Nouvelle Star en 2009, puis à X Factor en 2011 et l’année suivante à Encore une chance sur NRJ 12 ! Bien lui en a pris : depuis, il a enchaîné les hits, seul – “Paname”, “Viens on s’aime” – et avec Vitaa – “Je te le donne”, “Ça va ça vient”. Slimane écrit et compose pour lui, mais aussi pour les autres : cette année, Patrick Fiori (“Une autre danse”) et Lara Fabian (“Ta peine”) interprètent ses mots d’amour. Il a aussi chanté avec Kendji Girac, Gims et Dadju, et a rejoint Les Enfoirés en 2019. Bref, l'artiste cartonne en solo (“Des milliers de je t’aime”), mais il aime s’entourer.
Ça y est, le têtu· du printemps vous attend chez vos marchands de journaux ⤵ pic.twitter.com/2hvEZegIl3
— têtu· (@TETUmag) March 20, 2024
Le garçon a la détermination de ces personnes dont on sent qu’elles se sont faites toutes seules. Lui est né il y a 35 ans dans une banlieue éloignée de Paris, à Chelles (Seine-et-Marne), où il a grandi. “Je chantais mes peines sur le banc d’la cité, je rêvais de Paris et d’en faire mon métier”, clamait-il en 2022 dans “Chez toi”, son duo avec Claudio Capéo. Romantique, le garçon dévoile son petit cœur à lui dans un mélange de pudeur sur sa vie privée et de sincérité quant à ce qui le traverse. Comme lorsqu’il aborde spontanément son obésité durant l'enfance, ou encore cette maladie, la gynécomastie, développement anormal des seins chez l’homme qui a nécessité une opération dont témoignent deux cicatrices au torse qu’il a appris à ne plus cacher.
L’annonce de sa participation à l’Eurovision sous les couleurs de la France lui a valu une nouvelle déferlante de messages racistes, qui le renvoient à ses origines algériennes pour le disqualifier. Charles Aznavour doit souffler fort dans sa tombe, lui l’enfant d’immigrés arméniens qui avaient caché durant l’Occupation les résistants Missak et Mélinée Manouchian, entrés au Panthéon en février. Dans “Les Émigrants”, ce grand Charles chantait : “Comment crois-tu qu’ils ont lutté ? Ils ont lutté, en ayant l’amour du métier…”
J’ai commencé vraiment à y penser il y a environ deux ans maintenant, quand la fédération française du concours est venue pour me débaucher. C’était très flatteur mais ça ne s’est pas fait à l’époque parce que j’étais en tournée, je n’avais pas la tête à ça. Depuis, j’y ai beaucoup repensé et la chanson “Mon amour” a aussi été créée pour ça....
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